mardi 28 novembre 2017

champs phlégréens et Enfers



Une vidéo: le lac Averne (entrée des Enfers) et la Solfatara vus du ciel
https://www.youtube.com/watch?v=ZG4k-rWGeyw

Le héros Enée est descendu aux Enfers rencontrer son père, Anchise, qui devait lui délivrer une prophétie. Pour descendre, Enée était accompagné de la Sibylle de Cumes, la célèbre prêtresse d'Apollon.

Tout le chant VI de l'Enéide est consacré au récit de la catabase (descente aux Enfers). En voici un extrait:
" Ô vierge sacrée, permets-moi de revoir une dernière fois le cher visage de mon père. C’est lui que j’ai porté sur mes épaules à travers les flammes et sous une pluie de flèches quand Troie est tombée aux mains des Grecs. C’est lui mon compagnon de route, qui lors de notre périple en mer, a supporté toutes ces épreuves indignes d’un vieillard. Ô bienfaisante gardienne des bois de l’Averne, accepte que je descende aux Enfers, comme Orphée, Pollux, Thésée et Hercule l’ont fait avant moi. Montre-moi le chemin et ouvre-moi les portes sacrées. » La prêtresse lui répondit alors : « Troyen, fils d’Anchise, né du sang des dieux, il est facile de descendre dans l’Averne. Mais remonter à la lumière du jour est autrement plus difficile. Néanmoins, si tel est vraiment ton désir, sache que tu ne pourras pas entrer aux Enfers sans apporter à Proserpine le présent qu’elle exige : un rameau d’or qui pousse au creux d’un arbre, au fond d’un sombre vallon. Quand tu tenteras de le cueillir, s’il vient à toi sans résistance, c’est que les destins acceptent ta venue. Sinon, ni la force ni le fer de ton épée ne pourront le couper. Apprends aussi, hélas, que le corps d’un de tes amis gît près d’ici sans sépulture. Accomplis pour lui les rites funéraires. »  Énée, affligé par ce qu’il venait d’apprendre, se hâta d’exécuter les recommandations de la Sibylle. Il ne tarda pas à découvrir le corps de son ami et accomplit pour lui les rites funéraires ; puis il trouva le rameau d’or, qui se détacha facilement. Il s’empressa alors de rejoindre la Sibylle qui l’attendait près d’une caverne profonde. L’entrée de ce gouffre était défendue par un lac noir dont les eaux dégageaient des vapeurs infectes. La prêtresse fit amener quatre jeunes taureaux noirs et versa du vin sur leur front ; puis, entre leurs cornes, elle coupa des mèches des poils et jeta dans le feu sacré cette première offrande. Énée accomplit à son tour des sacrifices ; (...) 
« En avant, Énée, s’écria la Sybille. Sors ton épée du fourreau : c’est le moment de faire preuve de courage. » Puis elle s’élança dans le gouffre béant. Énée la suivit d’un pas assuré. 
Ibant obscuri sola sub nocte (l'exemple consacré de l'hypallage). Ils allaient obscurs dans la nuit solitaire à travers l’ombre et les vastes demeures vides du royaume de Pluton. Le vestibule des Enfers est peuplé des malheurs des hommes et de monstres effrayants : Scylla, l’Hydre de Lerne, les Centaures, les Chimères, les Harpies… De là part le chemin qui conduit aux bords de l’Achéron, vaste fleuve de boue qui bouillonne sans cesse et vomit sa vase dans le Cocyte. Ces eaux tumultueuses sont gardées par un horrible passeur d’une saleté hideuse, Charon. Il est très vieux déjà, mais de la solide vieillesse d’un dieu. Une longue barbe blanche lui tombe du menton, ses yeux sont des flammes immobiles. Il pousse avec un aviron la barque couleur de fer sur laquelle il transporte les ombres des morts. Une foule d’ombres se précipite vers la rive. Chacune supplie qu’on la fasse passer la première et tend ses mains vers l’autre rive. Charon en accepte certaines et en repousse d’autres loin du rivage. (...)  "Ceux que Charon emporte ont été enterrés. Quant aux autres, leurs ossements ne reposent pas dans un tombeau et ils doivent d’abord errer sur ces rives pendant cent ans avant de pouvoir franchir l’Achéron. » Alors qu’il s’approche du fleuve, Énée reconnaît trois de ses anciens compagnons qui, partis de Troie avec lui, périrent engloutis par les mers orageuses. Lorsque Charon aperçoit Énée, il l’interpelle en grondant : « Qui que tu sois, arrête-toi et dis-moi ce qui t’amène. Il m’est défendu de transporter dans ma barque des corps vivants. » La Sibylle lui explique la raison de la présence d’Énée et lui montre le rameau d’or. La colère du passeur s’apaise et il leur fait traverser le fleuve aux eaux marécageuses. Ils se trouvent alors face à la porte des Enfers, gardée par l’énorme Cerbère, monstre féroce à trois têtes. La Sibylle jette vers lui un somnifère composé de miel et de pavot. L’animal affamé l’engloutit de sa triple gueule béante et peu après s’affale de tout son long sur le sol. Énée se hâte de franchir l’entrée des Enfers et de s’éloigner des bords du fleuve qu’on ne passe pas deux fois. Aussitôt il entend des voix plaintives. Ce sont les pleurs des enfants que le malheur a fait plonger bien trop tôt dans la nuit du tombeau. Avec eux se trouvent les innocents dont une fausse accusation a entraîné la mort ; et non loin de là, ce sont les âmes des suicidés. Comme ils aimeraient aujourd’hui remonter à l’air pur ! Comme ils supporteraient le cœur léger la pauvreté et le dur travail ! Un peu plus loin encore se trouve le Champ des Pleurs, où sont rassemblés ceux qui sont morts par désespoir amoureux. Énée poursuit son chemin et découvre, à l’extrémité de cette vaste région, le séjour des guerriers illustres. Ses compagnons malheureux, morts à la guerre de Troie, se rassemblent autour de lui, tandis que les chefs grecs tremblent de terreur dès qu’ils l’aperçoivent ; les uns fuient comme autrefois lorsqu’ils regagnaient en hâte leurs navires ; les autres, le souffle coupé, ne parviennent même pas à crier.« Le temps presse, Énée, avertit la Sibylle. Voici l’endroit où la route se sépare. À droite, c’est le chemin de l’Élysée, le nôtre. Celui de gauche mène au terrible Tartare. » Énée ne peut s’empêcher de regarder vers la gauche. Il voit une large enceinte fermée d’un triple mur et entourée des torrents de flammes d’un fleuve rapide, le Phlégéton. La porte est énorme et ses montants d’acier massif semblent indestructibles. Une tour de fer se dresse dans les airs. Il sort de ce lieu des gémissements, le cruel sifflement des fouets, le bruit sourd des chaînes que l’on traîne. Énée, terrifié, écoute ce fracas : « Quels sont les crimes que l’on punit ici ? Et par quels supplices ? » demande-t-il à la Sibylle. « Le juge Rhadamanthe exerce dans ces lieux un pouvoir impitoyable, lui répond la prêtresse. Il torture les auteurs de crimes cachés jusqu’à ce qu’ils finissent par avouer leurs méfaits. Puis Tisiphone, celle qui garde nuit et jour la porte du Tartare, bondit sur eux armée d’un fouet et les flagelle, aidée de ses effroyables sœurs. Alors seulement les portes maudites s’ouvrent dans un horrible grincement pour laisser passer les condamnés. Le Tartare est un gouffre gigantesque qui s’enfonce dans les ténèbres. Tout au fond se trouvent les Titans, précipités là par la foudre, ainsi que les Géants qui tentèrent de renverser Jupiter de son trône. Là se trouvent aussi les traîtres, les avares, ceux qui n’ont pas respecté leurs serments, ceux qui ont commis un adultère, un inceste. L’un est condamné à rouler éternellement un rocher jusqu’en haut d’une colline d’où il redescend à chaque fois ; un autre, mourant de soif et de faim, ne peut atteindre l’eau et la nourriture qui se trouvent juste devant lui. Même si j’avais cent bouches, je ne pourrais énumérer tous les crimes et tous les supplices de ceux qui se trouvent ici. (...) 
Une fois devant l’entrée, Énée se purifie avec de l’eau fraîche et dépose le rameau d’or sur le seuil. L’offrande accomplie, ils pénètrent dans les Champs Élysées. L’air y est pur et lumineux, car les bienheureux qui y séjournent ont leur propre soleil. Certains se défient dans des jeux sur les pelouses moelleuses ou le sable doré ; d’autres chantent en chœur sous des lauriers, près du puissant fleuve Éridan, qui roule à travers la forêt et sort pour monter à la surface de la terre. Dans ce lieu se trouvent les héros morts pour leur patrie, les prêtres, les poètes, ceux qui rendirent la vie plus belle par l’invention des arts et ceux dont les bienfaits leur ont valu de vivre dans la mémoire des hommes. C’est là qu’est Anchise. Dès qu’il aperçoit Énée, il tend vers lui ses mains et, les joues ruisselantes de larmes de joie, lui dit : « Enfin il m’est donné de voir ton visage et d’entendre ta voix ! Je pensais bien que cela viendrait, je comptais les jours. Que de terres et de flots tu as traversés, que d’épreuves tu as surmontées avant d’arriver ici ! » Énée lui répond : « Donne-moi ta main, mon père, donne-la-moi que je la serre, et laisse-moi t’embrasser. » Trois fois il essaie de lui entourer le cou de ses bras ; trois fois, l’ombre lui coule entre les mains comme un souffle léger, comme un songe qui s’envole. Anchise présente alors à son fils sa descendance illustre et notamment Romulus, grâce à qui Rome étendra son empire jusqu’aux limites du monde, ainsi que César Auguste, celui qui fera renaître l’âge d’or dans le Latium, celui qui reculera les limites de l’empire au-delà même des routes du soleil, là où Atlas, qui porte le ciel, fait tourner sur son épaule la voûte parsemée d’étoiles étincelantes. Anchise, tout en parlant ainsi, reconduit Énée et la Sibylle jusqu’à la porte d’ivoire, habituellement réservée au passage des Songes. Le héros retourne près de ses compagnons.
Virgile, L’Énéide, chant VI, traduit et adapté par Stanislaw Eon du Val.







mardi 21 novembre 2017

METAMORPHOSES


       Après le chant XII l'Odyssée d'Homère en 2017, ce sont les Métamorphoses d'Ovide qu'une groupe de lecteurs latinistes de 5ème offrira aux élèves de 6ème de l'EFE Montaigne.


 posté sur Facebook le 21/11/2017: Cotonou est inscrite!


Pour en savoir plus sur le festival: 


lundi 20 novembre 2017

Un programme idéal...


 Départ de cotonou le 10/04/2018 en soirée, arrivée à Naples le 11/04/2018 à 13h (Brussels Airlines)/ 11h40 (Air France)
11/04/2018 : dépôt des bagages à l’hôtel et visite de Paestum (site grec)

12/04/2018 : Les champs phlégréens : volcan de la Solfatara, Pouzzoles et Cumes

13/04/2018 : Pompéi et la villa d’Oplontis (villa de l’impératrice Poppée), ascension au Vésuve


14/04/2018 :  Neapolis (Naples) : le quartier antique Spaccanapoli et visite des citernes souterraines qui datent de l’époque grecque. Pique-nique : piazza del Plebiscito…


Le musée archéologique de Naples où sont conservés et exposés les vestiges des cités enfouies lors de l’éruption du Vésuve en 79PC.
15/04/2018 : route vers Rome en matinée. Ara Pacis Augustae



 16/04/2018 : Forum Romanum et Colisée.



et pour finir la Rome baroque

17/04/2018 : à 6h35 (Brussels Airlines) ou 10h20 (Air France), arrivée en soirée à Cotonou

4 nuits à Naples ou dans sa région
2 nuits à Rome 



lundi 13 novembre 2017

Aper , porcus... clin d'oeil aux terminales.

Le cas du sanglier dans l’Antiquité

Le mythe du sanglier gaulois


La sortie du nouvel album du plus célèbre des Gaulois, Astérix et la Transitalique, est l’occasion de revenir sur l’une des icônes de la table des irréductibles ennemis de César : le sanglier. Des générations de lecteurs ont été nourries de cette image d’Obélix revenant de forêts giboyeuses et ramenant fièrement le fruit de sa chasse. Il n’en fallait pas moins pour faire des Gaulois, dans l’imaginaire populaire, les plus grands amateurs de la chair de ce suidé.


Pourtant, contrairement à ce cliché de la série, la consommation de sangliers par les Gaulois n’est guère corroborée par les sources et relève davantage de la légende. Brisée par la pioche de l’archéologue. Cette idée reçue peut s’expliquer par l’imaginaire qui s’est développé autour des paysages de la Gaule pré-romaine : un territoire couvert de forêts encore vierges, où l’agriculture est peu développée. Alors qu’en réalité, les terres gauloises, fertiles, sont très largement mises en valeur, ce que ne manquent pas de relever les géographes antiques. Bien plus, l’archéozoologie offre des données nouvelles au sujet de l’alimentation carnée des populations gauloises de l’Antiquité. Et il s’avère que l’essentiel des animaux consommés sont des animaux issus de l’élevage. Les archéologues n’ont trouvé que très peu de restes issus de la chasse sur leurs sites de fouille. Pour ce que nous en savons, le gibier consommé se compose principalement de lièvres et de petits cervidés. Chasser le sanglier est donc loin d’être une pratique courante chez nos amis les Gaulois, qui semblent lui préférer, lorsqu’ils chassent, le petit gibier. Du coup, les animaux d’élevage représentent une part conséquente de leur alimentation : porc, bovins ou ovins. Mais aussi les canidés… À la différence des Romains, qui n’y touchent pas, les chiens gaulois sont parfois utilisés comme animaux de boucherie.



En revanche, le sanglier est bien revêtu d’une forte dimension symbolique en Gaule, puisqu’on peut le voir surmonter par exemple le célèbre carnyx une sorte de long cor utilisé par les Gaulois.  Il figure également sur certaines enseignes militaires, telle celle découverte à Soulac-sur-Mer.  À défaut d’être une nourriture prisée, le sanglier est entouré d’une dimension mythique, presque totémique.


Les Romains en quête de sangliers


À l’inverse, la chasse au sanglier est une activité noble pour les Romains, y compris pour l’empereur. À Rome, sur l’arc de Constantin, plusieurs reliefs sculptés représentent l’empereur Hadrien en train de chasser divers animaux, dont le sanglier. Au fil de ses longs voyages à travers l’Empire, Hadrien chasse, en Italie, en Asie Mineure ou encore en Egypte : sangliers, lions et ours figurent parmi les proies les plus prestigieuses, elles prouvent les valeurs viriles et guerrières du prince. La consommation du gibier chassé donne souvent lieu à des banquets, parfois en plein air, comme le montrent certaines mosaïques, ce qui n’est donc pas un apanage gaulois.

Pline l’Ancien témoigne lui-aussi du succès que rencontre le suidé auprès des Romains, au point que des parcs à sangliers sont créés. La gourmandise qu’il suscite est telle que des lois somptuaires sont adoptées pour limiter sa consommation :

Les porcs sauvages ont été eux aussi en faveur. Déjà les discours de Caton le Censeur blâment l’usage de la couenne de sanglier. Cependant on divisait l’animal en trois parties et on servait celle du milieu, qu’on appelait lombes de sanglier. Le premier Romain qui servit dans des banquets des sangliers fut P. Servilius, le père de ce Rullus qui, sous le consulat de Cicéron, promulgua la loi agraire : tant est récente l’origine d’un usage à présent quotidien. Les Annales l’ont également noté, apparemment pour corriger les mœurs de ceux qui mangent deux ou trois sangliers en même temps, non pas dans tout un repas, mais seulement en entrée. Le premier Romain qui inventa des parcs pour les sangliers et les autres animaux sauvages fut Fulvius Lippinus. Il établit des pâtures pour bêtes sauvages dans la région de Tarquinies et fut imité peu de temps après par L. Lucullus et Q. Hortensius.

Une fois ramené comme trophée de chasse, le sanglier fait l’objet des soins des cuisiniers qui n’hésitent pas à développer une multitude de façons de le préparer pour les riches tables romaines.


Cuisiner le sanglier à la Romaine


Le sanglier est bien loin d’apparaître comme un mets de barbare pour les Romains : eux-mêmes en sont de grands amateurs. Il suffit d’ouvrir le recueil d’Apicius, le De re coquinaria, pour y trouver dix recettes de sanglier, ce qui représente une proportion importante dans ce livre. Parmi ces recettes, neuf sont des sauces, preuve des multiples raffinements qui entouraient la consommation de cette viande à Rome, tandis que l’une d’elles indique comment farcir le cuissot de sanglier à la façon de Terentius. Les sauces peuvent être chaudes ou froides et mobilisent parfois un nombre conséquent d’aromatiques et de condiments. On peut deviner qu’il s’agit de décliner les saveurs pouvant se marier avec la viande du sanglier, mais aussi peut-être d’en marquer le goût parfois prononcé :

Pilez du poivre, de la livèche, de l’origan, des baies de myrte dénoyautées, de la coriandre et des oignons ; mouillez de miel, de vin, de garum et d’un peu d’huile, faites chauffer et liez à la fécule. Arrosez de cette sauce le sanglier après l’avoir fait cuit au four. Procédez de même aussi pour toute espèce de venaison

Poivre, livèche, graine de céleri, menthe, thym, pignons grillés, vin, vinaigre, garum et un peu d’huile. Quand le jus de la viande aura bouilli, ajoutez une boulette de votre préparation et remuez avec de l’oignon et un bouquet de rue. Si vous voulez l’épaissir, liez la sauce avec des blancs d’oeufs liquides, remuez doucement, saupoudrez de poivre pilé et servez.

Poivre, livèche, cumin, graines d’aneth, thym, origan, un peu de silphium, une bonne dose de graines de roquette ; ajoutez du vin pur, un peu de fines herbes, de l’oignon, des noisettes ou des amandes grillées, des dattes, du miel, du vinaigre, un peu de vin pur, du défritum pour colorer, du garum et de l’huile.


Le sanglier, héros de la littérature latine


Le célèbre festin de Trimalcion dans le Satiricon met lui aussi en scène le sanglier, retenant ainsi toutes les attentions lors de ce banquet mémorable. Les serviteurs apportent en effet aux convives, dressé sur un grand plateau, un suidé coiffé d’un bonnet d’affranchi. Sur ses défenses, sont suspendues des corbeilles remplies de dattes.





Des marcassins faits à partir de pâte sont disposés autour de son corps pour évoquer la laie allaitant ses petits. Au moment de trancher son flanc, des grives s’envolent de ses entrailles tandis que des oiseleurs tentent de les capturer dans la salle à manger. Cette mise en scène spectaculaire est évidemment un rappel de la chasse, dont est issu le sanglier qui s’apprête à être savouré par les invités du riche affranchi. Bien que les descriptions de ce festin faites par Pétrone soient exagérées et très rabelaisiennes, elles reflètent le goût des Romains pour les plats luxueux, où l’illusion excite la gourmandise, à l’images des petits marcassins de pâte. Cet exemple traduit un trait caractéristique des riches banquets : l’art de mettre en scène les plats servis grâce aux subterfuges habiles des cuisiniers.

Ainsi, notre fameux sanglier, à défaut d’être le parfait emblème de la table gauloise, fait bonne figure auprès des amateurs de bonne chère à Rome. Les raffinements de la culture et de la gastronomie romaine permettent, pour ainsi dire, de civiliser cette viande issue du monde sauvage et d’en faire un mets de choix sur les meilleures tables de l’Empire.

Par Dimitri Tilloi, agrégé d’histoire et chargé de cours à l’université Lyon III, il est l’auteur de L’Empire Romain… Par Le Menu, paru chez Arkhê.
http://www.arkhe-editions.com/2017/11/au-dela-de-la-gourmandise-dobelix/