Visitons la charmante Baïes, "Litus Baia beatae Veneris aureum Baias"
Traduction de la citation de Martial (titre de l'article): Baïes, rivage d'or de l'heureuse Vénus...
Non loin de Baïes, à Cumes, était installée la Sibylle, prêtresse d'Apollon, qui rendait ses oracles... sibyllins.
Non loin de Baïes, se trouve le lac Averne, qui était l'antique porte des Enfers. C'est par là que le héros Enée, guidé par la Sibylle, y a pénétré pour aller recueillir la prophétie d'Anchise, son père. Lisez le chant VI de l'Enéide de Virgile, il est tout entier consacré à la catabase.
C'est à Baïes que Néron a fait assassiner Agrippine, dans sa propre villa...
C'est à Baïes que l'empereur Hadrien a fini ses jours...
Et le philosophe Sénèque y a passé un fort mauvais séjour:
"Je veux mourir, si le silence est aussi nécessaire qu’on le croit à qui
s’isole pour étudier. Voici mille cris divers qui de toute part
retentissent autour de moi : j’habite juste au-dessus d’un bain. Imagine
tout ce que le gosier humain peut produite de sons antipathiques à
l’oreille : quand des forts du gymnase s’escriment et battent
l’air de leurs bras chargés de plomb, qu’ils soient ou qu’ils feignent
d’être à bout de forces, je les entends geindre ; et chaque fois que
leur souffle longtemps retenu s’échappe, c’est une respiration sifflante
et saccadée, du mode le plus aigu. Quand le hasard m’envoie un de
ces
garçons maladroits qui se bornent à frictionner, vaille que vaille, les
petites gens, j’entends claquer une lourde main sur des épaules ; et
selon que le creux ou le plat a porté, le son est différent. Mais qu’un
joueur de paume survienne et se mette à compter les points, c’en est
fait. Ajoutes-y un querelleur, un filou pris sur le fait, un chanteur
qui trouve que dans le bain34
sa voix a plus de charme, puis encore ceux qui font rejaillir avec
fracas l’eau du bassin où ils s’élancent. Outre ces gens dont les éclats
de voix, à défaut d’autre mérite, sont du moins naturels, figure-toi
l’épileur qui, pour mieux provoquer l’attention, pousse par intervalles
son glapissement grêle, sans jamais se taire que quand il épile des
aisselles et fait crier un patient à sa place. Puis les intonations
diverses du pâtissier, du charcutier, du confiseur, de tous les
brocanteurs de tavernes, ayant chacun certaine modulation toute spéciale
pour annoncer leur marchandise."
Sénèque Lettres à Lucilius, 56
***
Baia, petite ville au nord du Golfe de Naples, fut d'abord une colonie grecque (Magna Graecia). A l'époque romaine, elle fut la première des grandes stations thermales d'Europe. Elle est située dans la zone nommée Les Champs phlégréens (Campi Flegrei en italien, champs brûlés), composée d'une quarantaine de volcans, dont le plus impressionnant est sans doute La Solfatara.
Ville de villégiature, elle disposait de la plus grandiose installation hydrothérapique de l'Antiquité. On y admirait de somptueuses villas appartenant à des patriciens. En 300, la mer les submergea (l'activité sismique de la zone provoque un phénomène étonnant, le bradyséisme). Aujourd'hui donc, pour visiter la partie basse des 80 hectares du site de Baia Antiqua il faut s'équiper en plongée sous-marine:
A coups de palmes, vous visiterez les thermes publics, la villa à vestibule avec les restes d'un pavement en mosaïque
la grande villa de Pison entourée de colonnades qui protégeaient ses jardins.
Les 3èmes pourront rêver encore un peu de Baïes en exploitant le dossier qui figure dans leur manuel p. 86-87,
Les 4èmes et les 5èmes s'intéresseront plus particulièrement aux thermes romains...
Les 2ndes poursuivront leur lecture de la catabase de Virgile,
Les 1ères reliront la fin de Les mémoires d'Hadrien...
Les voyageurs de 2018 (pour beaucoup en terminale) se souviendront de notre visite à Cumes et Pouzzoles,
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