C'est en 28 AC qu'Auguste, alors appelé Imperator Caesar Divi Filius Octavianus, a débuté les travaux du mausolée de la famille impériale, au nord du Champ de Mars, à proximité du Tibre et non loin du Musée de l'ARA PACIS AUGUSTAE, autel initialement situé également sur le Champ de Mars.
Vue du mausolée, maquette de Paul Bigot
STRABON, géographe et historien grec né à Amasée dans le Pont autour de 60 av. J.-C. et mort autour de 20 ap. J.-C, décrit ainsi le monument:
« Les anciens Romains, à vrai dire, occupés comme ils étaient d'objets plus grands, plus importants, avaient complètement négligé l'embellissement de leur ville. Sans se montrer plus indifférents qu'eux aux grandes choses, les modernes, surtout ceux d'à-présent, se sont plu à l'enrichir d'une foule de monuments magnifiques : Pompée, le divin César, Auguste, ses enfants, ses amis, sa femme, sa sœur, tous à l'envi, avec une ardeur extrême et une munificence sans bornes, se sont occupés de la décoration monumentale de Rome. C'est dans le Champ de Mars que la plupart de ces monuments ont été érigés, de sorte que ce lieu, qui devait déjà tant à la nature, se trouve avoir reçu en outre tous les embellissements de l'art. Aujourd'hui, avec son étendue prodigieuse, qui, en même temps qu'elle laisse une ample et libre carrière aux courses de chars et à toutes les évolutions équestres, permet encore à une jeunesse innombrable de s'exercer à la paume, au disque, à la palestre ; avec tous les beaux ouvrages qui l'entourent, les gazons si verts qui toute l'année y recouvrent le sol, les collines enfin d'au delà du Tibre, qui s'avancent en demi-cercle jusqu'au bord du fleuve, comme pour encadrer toute la scène, cette plaine du champ de Mars offre un tableau dont l'œil a peine à se détacher. Ajoutons que tout à côté, et indépendamment d'une autre grande plaine bordée ou entourée de portiques, il existe plusieurs bois sacrés, trois théâtres, un amphithéâtre et différents temples tous contigus les uns aux autres, et que, comparé à ce quartier, le reste de la ville ne paraît plus à proprement parler qu'un accessoire.
Pour cette raison, et parce que ce quartier avait pris à leurs yeux un caractère plus religieux, plus auguste que les autres, les Romains y ont placé les tombeaux de leurs morts les plus illustres, hommes ou femmes. Le plus considérable de ces tombeaux est le Mausolée [d'Auguste], énorme tumulus, qui s'élève à peu de distance du fleuve, au-dessus d'un soubassement en marbre blanc déjà très haut par lui-même. Ce tumulus, ombragé d'arbres verts jusqu'à son sommet, est surmonté d'une statue d'airain représentant César-Auguste et recouvre, avec les restes de ce prince, les cendres de ses parents et de ses amis ou familiers. Il se trouve qui plus est adossé à un grand bois, dont les allées offrent de magnifiques promenades. Enfin le centre de la plaine est occupé par l'enceinte du bûcher d'Auguste : bâtie également en marbre blanc, cette enceinte est protégée par une balustrade en fer qui règne tout autour. L'intérieur en est planté de peupliers. »
Géographie, livre V, chap. 3, 7-8
L'édifice fait 87 mètres de diamètre, 12 mètres de haut; il est le plus grand édifice funéraire connu. La chambre mortuaire de l'empereur était entourée de quatre murs concentriques. Certains archéologues et historiens considèrent que ce bâtiment prenait comme modèle architectural le mausolée d'Alexandre le Grand ou du moins les mausolées circulaires hellénistiques. On peut aussi considérer que les monuments circulaires étrusques (à Cerveteri par exemple) ont pu servir de modèle. Les piliers de chaque côté de la porte d’entrée étaient munis des tables en bronze sur lesquelles était gravé le texte des Res Gestae Divi Augusti, faits et gestes d'Auguste, forme de testament moral et politique de l'œuvre du souverain écrit de sa main à la veille de sa mort et dont une copie a été retrouvée sur le mur du temple d’Auguste et Rome d'Ankara.
Plan du Mausolée par Le Piranèse
Le monument conserva une fonction funéraire et fut le principal mausolée impérial jusqu'à la fin du Ier siècle de notre ère. Par la suite, le mausolée d'Hadrien (actuel Château Saint-Ange) prit le relais de cette fonction (on avait déposé, à sa demande, les cendres de l'empereur Trajan sous la Colonne Trajane.).
Le monument restauré: on y a replanté les cyprès comme à l'origine. il était alors entouré d’un jardin avec des statues et au sommet, on avait placé une statue d’Auguste. De plus deux obélisques encadraient l'entrée (un se trouve au Quirinal et l'autre devant la Basilique Santa Maria Maggiore désormais).
Le monument a été pillé, dévasté lors du siège de Rome qui a vu la chute de l'Empire romain.
Le site a ensuite été abandonné, il a servi de carrière et ses décors architecturaux ont été réutilisés. La famille Soderini en avait fait un jardin italien, il a servi d'amphithéâtre lors de feux d'artifice et de lieu de spectacles au XVIIIe s. ...
Pour une visite virtuelle du monument antique
En 1937-38, Mussolini fait fouiller le site (on doit à cette même volonté de récupération idéologique du pouvoir impérial romain, la redécouverte et la conservation de l'Ara Pacis Augustae). Le "Duce" fait aménager la Piazza Augusto Imperatore, et pour cela il fait détruire tous les immeubles (120, dont l'hôpital San Rocco) qui bordaient le monument, dégageant ainsi 28000m2 (souvenez-vous aussi que pour percer une avenue qui mène de la Piazza Venezia au Colisée,pour les défilés fascistes, il a dévasté les Forums impériaux: la Via dei Fori Imperiali, inaugurée en 1932).
L'entrée fut à l'occasion restaurée d'« une façon trop moderne » selon certains archéologues, du fait des libertés prises avec les restitutions effectuées, comme pour la fenêtre voûtée au-dessus de l'entrée qui ne correspondrait pas aux critères architecturaux du Ier siècle. Le gouvernement fasciste n'ajouta pas, cependant, des portes en bronze, trop coûteuses.