" Trois mois à peine avant mon arrivée, la Sixième Légion Victorieuse avait été transférée en territoire britannique. Elle y remplaçait la malheureuse Neuvième Légion taillée en pièce par les Calédoniens pendant les troubles qui avaient été en Bretagne le hideux contrecoup de notre expédition chez les Parthes. Deux mesures s'imposaient pour éviter le retour d'un pareil désastre. Nos troupes furent renforcées par la création d’un corps auxiliaire indigène: à Eboracum*, du haut d'un tertre vert, j'ai vu manoeuvrer pour la première fois cette armée britannique nouvellement formée. En même temps, l’érection d’un mur coupant l'île en deux dans sa partie la plus étroite servit à protéger les régions fertiles et policées du sud contre les attaques des tribus du nord. J’ai inspecté moi-même une bonne partie de ces travaux engagés partout à la fois sur un glacis de vingt-quatre lieues**: j'y trouvais l'occasion d'essayer, sur cet espace bien délimité qui va d'une côte à l'autre, un système de défense qui pourrait ensuite s'appliquer partout ailleurs. Mais déjà cet ouvrage purement militaire favorisait la paix, développait la prospérité de cette partie de la Bretagne; des villages se créaient; un mouvement d'afflux se produisait vers nos frontières. Les terrassiers de la légion étaient secondés dans leur tâche par des équipes indigènes; l'érection du mur était pour beaucoup de ces montagnards, hier encore insoumis, la première preuve irréfutable du pouvoir protecteur de Rome; l'argent de la solde de la première monnaie romaine qui leur passait par les mains. Ce rempart devint l’emblème de mon renoncement à la politique de conquête: au pied du bastion le plus avancé, je fis ériger un temple au dieu Terme. "
Marguerite YOURCENAR Mémoires d'Hadrien, III "Tellus stabilita" p. 152-153
* York aujourd'hui
**la lieue romaine équivalait à 1500 pas, soit environ 2222 m.
Le mur d'Hadrien, long ouvrage défensif, était destiné à contenir les incursions des Pictes. L'empereur Hadrien l'a fait ériger entre 122 et 127 pour protéger la province de Britannia.
Composé de pierres et de tourbes, il comprenait 300 tours de défenses et était gardé par 17 camps romains.
Comme beaucoup d’autres forts romains, celui de Vindolanda est doté de thermes. Ici, près de Bardon Mill, dans le comté de Northumberland, on trouve deux thermes que fréquentaient aussi bien les hommes, les femmes et les enfants.
Le mur est aujourd'hui inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Plus tard, en 142, l'empereur ANTONIN a fait construire un autre mur, plus au nord, mais celui-ci a été abandonné en 160.
Un article de National Geographic à lire