dimanche 29 mars 2020

Clades Variana (latin 2nde et Journée de l'Antiquité)

Le désastre est plus connu sous le nom de "Bataille de Teutobourg" ( Schlacht im Teutoburger Wald en allemand). C'est une des pires défaites de l'armée romaine.

 

 
Contexte historique : règne d'Auguste, conquête de la Germanie, 9 PC. 
 
La bataille de Teutobourg, « clades Variana » en latin, également connue sous les noms de bataille du Teutoburger Wald ou bataille de Teutberg (Schlacht im Teutoburger Wald, Varusschlacht ou Hermannsschlacht en allemand) désigne la destruction de trois légions romaines commandées par Publius Quinctilius Varus, gouverneur de la Gaule et légat de Germanie, par une alliance de tribus germaniques menée par le chef chérusque Arminius. 
 
La localisation de la bataille de Teutoburg a été rendue possible par la mention de l'historien Tacite dans les Annales I, 63 : « ductum inde agmen ad ultimos Bructerorum, quantumque Amisiam et Lupiam amnis inter vastatum, haud procul Teutoburgiensi saltu in quo reliquae Vari legionumque insepultae dicebantur » ensuite l'armée s'avança jusqu'aux dernières limites des Bructères et tout fut ravagé entre l'Ems et la Lippe, non loin de la forêt de Teutoburg où, disait-on, gisaient sans sépulture les restes de Varus et de ses légions. Plus de 700 localisations furent proposées. 
 
Les légions romaines XVII, XVIII et XIX furent littéralement massacrées. Constatant le désastre, Varus se suicida sur le lieu de la bataille. Quelques soldats purent se sauver, les autres survivants, faits prisonniers, furent abominablement torturés avant d'être exécutés. La tête de Varus fut détachée de son corps, donnée à Marobod, roi des Marcomans, pour que celui-ci rejoigne les rangs des insurgés dans la révolte germaine contre Rome, il l'envoya à Auguste sans aucun commentaire. L'empereur, à l'annonce de ce désastre, prit le deuil. 

« Il n'essuya de défaites ignominieuses que celles de Lollius et de Varus, toutes deux en Germanie. La première fut plutôt un affront qu'une perte. La seconde faillit être funeste à l'État : trois légions furent taillées en pièces avec leur chef, ses lieutenants et ses troupes auxiliaires. À cette nouvelle, il disposa des sentinelles dans Rome pour prévenir tout désordre, et confina dans leur place les commandants des provinces, afin que leurs lumières et leur expérience retinssent les alliés dans le devoir. Il consacra de grands jeux à Jupiter pour le rétablissement des affaires de la République , ainsi qu'on l'avait fait dans la guerre des Cimbres et des Marses. Enfin on dit qu'Auguste fut tellement consterné de ce désastre, qu'il laissa croître sa barbe et ses cheveux plusieurs mois de suite, et qu'il se frappait de temps en temps la tête contre la porte, en s'écriant: " Quintilius Varus, rends-moi mes légions". L'anniversaire de cette défaite fut toujours pour lui un jour de tristesse et de deuil. » Suétone Vie des douze Césars, Auguste, XXIII.

E. Marini Les aigles de Rome (5 tomes), 
disponible au CDI



Pour en savoir plus, grâce à des fouilles récentes:
En Allemagne, découverte d'un trésor sur le site d'un des plus grands désastres militaires de Rome

dimanche 22 mars 2020

Les mosaïques romaines


Cultivons-nous grâce aux exposés des élèves: 

 Villa del Casale, Piazza Armerina, Sicile

Un peu d'histoire

La mosaïque est née à Uruk en Mésopotamie (Irak actuelle) il y a environ 6 000 ans. Elles étaient faites de cônes d'argiles peints. Après que les Grecs en on fait un art utilitaire, les Romains l'ont utilisée comme décoration.
Perfectionnée à Carthage, la mosaïque devient vite l'art romain par excellence. Elle se généralise dans l'Empire Romain à l'occasion des guerres puniques.
Elle est alors totalement maîtrisée par les Romains au IIe siècle Av. JC.

Où trouvait-on les mosaïques ?

Les mosaïques sont principalement exposées dans les temples et les "domus" (maison). Et plus particulièrement dans :
-Les péristyles (les péristyles sont des galeries de colonnes qui donnent sur le jardin intérieur des maisons) ;
-Les salles de bains (les Thermes) ;
-Les salles de banquets (triclinium) ;
-Les entrées des maisons.

Les mosaïques parent les monuments romains et décorent les riches habitations. Elles  deviennent l'ornement de référence des maisons de la haute société romaine.

À quoi servaient-elles ?

À ses débuts, avant d’être un art décoratif, la mosaïque grecque était utilitaire. On la trouvait dans les pièces exposées à l'humidité en tant que pavement. La mosaïque offrait une imperméabilité remarquable au sol de ces pièces. Plus tard, elles ne sont plus destinées qu'aux pavements mais aux murs aussi.
Elles deviennent alors une simple décoration domestique.
La mosaïque pouvait aussi provoquer des échanges entre convives pour mettre en valeur leur connaissances lors du repas.

Quel type de représentation y voyait-on ?

Les mosaïques représentent le plus souvent des scènes agricoles, des scènes de batailles, de chasses, de pêche, de courses de chars ou de mythologie.

Comment les réalisait-on ?

Les mosaïques sont faites à l'aide de tesselles, des pierres taillées colorées. On distingue plusieurs types de matériaux, qui permettent des effets différents et ont chacun leurs avantages :
-Les galets ;
-La pâte de verre : elle offre un effet de transparence et des couleurs vives ;
-Le marbre : il offre une grande résistance et de nombreuses couleurs ;
-La céramique émaillée : offre une grande gamme de couleurs mais se conserve mal ;
-Et encore plein d'autres matériaux…
Mais les Romains utilisaient particulièrement des pierres, du marbre, de la pâte de verre, de l'or et des coquillages. Ces matériaux étaient ensuite assemblés à l'aide de mastic (mélange pâteux et adhésif durcissant à l'air) ou de colle multiples comme "le mortier".
 
Plusieurs techniques :
Il y avait plusieurs techniques pour confectionner des mosaïques :
-La plus connue, l'opus tesselatum, qui emploie de coller des cubes de pierres d'environ 1cm directement sur la surface à paver, soit sur un enduit intermédiaire.
Selon Philippe Bruneau, l'utilisation de tesselles mesurant environ 1cm de réduit la palette de couleurs au noir et blanc. Comme on peut le constater dans la maison du Poète Tragique, la mosaïques célèbre"CAVE CANEM" qui veut dire "ATTENTION AU CHIEN".

-L'opus sectile, qui utilise des fragments de pierre inégaux, de marbre ou même de verre coloré.
-Et enfin, l'opus vermiculatum qui se réduit à des cubes de quelques millimètres seulement qui sont taillés sur mesure pour des détails d'une plus ou moins grande finesse.
De superbes exemples ont été retrouvés à Pompei comme la célèbre mosaïque d'Alexandre contre Darius.

Un tableau de grande surface (5,82 m sur 3,13 m, cadre compris).
Réalisé avec environ 2 à 4 millions de tesselles de seulement 4 couleurs, le jaune, le rouge, le noir et le blanc. Elle est exposée au musée archéologique nationale de Naples.
 

Manuela et Thaïs, 4ème A


dimanche 15 mars 2020

Beware the Ides of March! *

Fort de son prestige de conquérant des Gaules, Jules César a franchi en 49 AC le fleuve Rubicon, déclenchant ainsi une (nouvelle) guerre civile, contre son rival, le général Pompée. Nommé dictateur à vie, il n'a de cesse de combattre ses ennemis tout en modernisant l'administration de l'empire conquis (extension du droit de vote, octroi de terres aux combattants....).
Au sommet du pouvoir, César songe à se doter d'un titre royal qui assurerait la pérennité de son oeuvre au-delà de la mort. Il aurait même envisagé, avec sa jeune maîtresse Cléopâtre, reine d'Égypte, de se faire consacrer fils d'Amon, à l'image d'Alexandre le Grand.
Le 15 février de l'an 44 av. J.-C., à l'occasion des Lupercales,  Marc Antoine, son fidèle lieutenant,  pose sur la tête de César le diadème des rois grecs. Mais la foule proteste et le dictateur ôte lui-même la couronne et l'envoie au temple de Jupiter.
Néanmoins, Jules César décide d'accepter le titre de roi pour la partie orientale de l'empire romain à l'occasion de la prochaine réunion solennelle du Sénat, qui  doit avoir lieu le jour des Ides de mars en un lieu appelé « portique de Pompée », qui remplace la Curie, incendiée huit ans plus tôt. Ses proches,dont sa femme Calpurnie, lui font part de mauvais présages et tentent de dissuader César: il n'en tient pas compte.  

Lisons le récit de son assassinat par  Suétone, l'historien romain:

Lorsqu'il s'assit, les conjurés l'entourèrent, sous prétexte de lui présenter leurs hommages. Tout à coup Tullius Cimber, qui s'était chargé du premier rôle, s'approcha davantage comme pour lui demander une faveur; et César se refusant à l'entendre et lui faisant signe de remettre sa demande à un autre temps, il le saisit, par la toge, aux deux épaules. "C'est là de la violence," s'écrie César; et, dans le moment même, l'un des Casca, auquel il tournait le dos, le blesse, un peu au-dessous de la gorge.
César, saisissant le bras qui l'a frappé, le perce de son poinçon, puis il veut s'élancer; mais une autre blessure l'arrête, et il voit bientôt des poignards levés sur lui de tous côtés. Alors il s'enveloppe la tête de sa toge, et, de la main gauche, il en abaisse en même temps un des pans sur ses jambes, afin de tomber plus décemment, la partie inférieure de son corps étant ainsi couverte.
Il fut ainsi percé de vingt-trois coups: au premier seulement, il poussa un gémissement, sans dire une parole. Toutefois, quelques écrivains rapportent que, voyant s'avancer contre lui Marcus Brutus, il dit en grec: " Καὶ σὺ τέκνον (Et toi aussi, mon fils!)" Quand il fut mort, tout le monde s'enfuit, et il resta quelque temps étendu par terre. Enfin trois esclaves le rapportèrent chez lui sur une litière, d'où pendait un de ses bras.De tant de blessures, il n'y avait de mortelle, au jugement du médecin Antistius, que la seconde, qui lui avait été faite à la poitrine.L'intention des conjurés était de traîner son cadavre dans le Tibre, de confisquer ses biens , et d'annuler ses actes: mais la crainte qu'ils eurent du consul Marc-Antoine et de Lépide, maître de cavalerie, les fit renoncer à ce dessein.
Caius Suetonius Calpurnius De vita duodecim Caesarum libri, Vita Caesaris, 82
Vincenzo Camuccini L'assassinat de Jules César,
https://www.arretetonchar.fr/mort-de-c%C3%A9sar-vincenzo-camuccini/


et celui de Plutarque:

Toutes ces circonstances peuvent avoir été l'effet du hasard; mais on ne saurait en dire autant du lieu où le sénat fut assemblé ce jour-1à et où se passa cette scène sanglante. Il y avait une statue de Pompée, et c'était un des édifices qu'il avait dédiés pour servir d'ornement à son théâtre. N'est-ce pas une preuve évidente que cette entreprise était conduite par un dieu, qui avait marqué cet édifice pour le lieu de l'exécution? Un dit même que Cassius, lorsqu'on fut près d'attaquer César, porta ses yeux sur la statue de Pompée et l'invoqua en secret, quoiqu'il fût d'ailleurs dans les sentiments d'Épicure; mais la vue du danger présent pénétra son âme d'un vif sentiment d'enthousiasme, qui lui fit démentir ses anciennes opinions. Antoine, dont on craignait la fidélité pour César et la force de corps extraordinaire, fut retenu , hors du lieu de l'assemblée; par Albinus; qui engagea à dessein avec lui une longue conversation. Lorsque César entra, tous les sénateurs se levèrent pour lui faire honneur. Des complices de Brutus, les uns se placèrent autour du siège de César; les autres allèrent au-devant de lui, pour joindre leurs prières à celles de Metellus Cimber, qui demandait le rappel de son frère; et ils le suivirent, en redoublant leurs instances, jusqu'à ce qu'il fut arrivé à sa place. Il s'assit, en rejetant leurs prières; et, comme ils le pressaient toujours plus vivement, il leur témoigna à chacun en particulier son mécontentement. A!ors Metellus lui prit la robe de ses deux mains et lui découvrit le haut de l'épaule; c'était le signal dont les conjurés étaient convenus. Casca le frappa le premier de son épée; mais le coup ne fut pas mortel, le fer n'ayant pas pénétré bien avant. Il y a apparence que, chargé de commencer une si grande entreprise, il se sentit troublé. César se tournant vers lui saisit son épée, qu'il tint toujours dans sa main. Ils s'écrièrent tous deux en même temps, César en latin : « Scélérat de Casca , que fais-tu ? » Et Casca, s'adressant à son frère, lui cria , en grec : « Mon frère , au secours ! »

LXXII. Dans le premier moment, tous ceux qui n'étaient pas du secret furent saisis d'horreur; et, frissonnant de tout leur corps, ils n'osèrent ni prendre la fuite, ni défendre César, ni proférer une seule parole. Cependant les conjurés, tirant chacun son épée, l'environnent de toutes parts; de quelque côté qu'il se tourne, il ne trouve que des épées qui le frappent aux yeux et au visage: tel qu'une bête féroce assaillie par les chasseurs, il se débattait entre toutes ces mains armées contre lui; car chacun voulait avoir part à ce meurtre, et goûter pour ainsi dire à ce sang, comme aux libations d'un sacrifice. Brutus lui-même lui porta un coup dans l'aine. Il s'était défendu, dit-on, contre les autres et traînait son corps de côté et d'autre en poussant de grands cris. Mais quand il vit Brutus venir sur lui l'épée nue à la main, il se couvrit la tête de sa robe et s'abandonna au fer des conjurés. Soit hasard, soit dessein formé de leur part, il fut poussé jusqu'au piédestal de la statue de Pompée, qui fut couverte de son sang. Il semblait que Pompée présidât à la vengeance qu'on tirait de son ennemi, qui, abattu et palpitant, venait expirer à ses pieds du grand nombre de blessures qu'il avait reçues. Il fut percé, dit-on, de vingt-trois coups; et plusieurs des conjurés se blessèrent eux-mêmes en frappant tous à la fois sur un seul homme.
Plutarque Les vies des Hommes Illustres, Vie de César, LXXI-LXXII

* Shakespeare Julius Caesar (1599/1623)
Cliquez sur le lien pour lire la tragédie en traduction:
https://www.atramenta.net/lire/jules-cesar/11368

Créée en 1599 pour l'ouverture du Globe Theatre à Londres et écrite juste avant Hamlet, Julius Caesar est la première d'une série de grandes tragédies. Inspiré de Plutarque, Shakespeare l'écrit à un moment critique et décisif de l'histoire de l'Angleterre : la révolte d'Essex contre Elizabeth I.

pour voir un extrait de la mise en scène d'Arthur Nauzyciel (l'assassinat): 
 https://www.youtube.com/watch?v=LsgKpZhalmk

mercredi 11 mars 2020

Provincia Romana

Nemausus fut une ville romaine créée il y a plus de deux mille ans (fin du VIe s. AC). Elle a été établie sur  l'emplacement d'une source pérenne, "La Fontaine", le Génie de celle-ci portait le nom de Nemausus, d'où vient l'actuel nom de Nîmes. 


A la fin de l'époque césarienne (souvenez-vous César est assassiné aux ides de mars 44 AC), une colonie de droit latin y est fondée. 
La ville est devenue particulièrement prospère sous le règne d'Auguste, d'autant qu'elle se situe sur la voie Domitienne qui permet de rejoindre l'Hispanie.  Elle s'est alors couverte de monuments splendides. 
Au coeur de la ville, on visite encore aujourd'hui son amphithéâtre, parmi les mieux conservés, qui pouvait accueillir 23000 spectateurs, il était équipé d'un velum. Les Nîmois connaissent bien aussi la "maison carrée", située au sud du Forum, c'était un temple dédié à Caïus César et Lucius César, les petit-fils et fils adoptifs de l'empereur Auguste (25 m de long sur 12 m de large, temple pseudo-périptère), la Porte d'Auguste qui faisait partie de l'enceinte de la ville, comme la Tour Magne. Cette porte s'ouvrait sur la voie Domitienne en direction d'Arles. A visiter encore le Castellum (château d'eau du 1er s. PC), c'est l'un des trois vestiges du genre connus dans le monde antique: l'aqueduc long de 50 km y versait l'eau de l'Uzès. Enfin, il faut encore aller voir le temple de Diane (IIe s. PC) au NE de la ville, sa fonction demeure inconnue, il faisait partie du sanctuaire romain consacré au culte de l'empereur. 

La ville a perdu progressivement de  l'importance au cours des siècles, au Ve s., elle est passée sous l'autorité des Wisigoths puis des Francs. Au Moyen-Age, l'amphithéâtre a servi de forteresse et de château. 

Des fouilles ont lieu sous l'amphithéâtre qui a recèle encore des mystères, par l'INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives).
Une équipe de l'Inrap a fouillé la salle cruciforme située sous la piste des arènes de Nîmes. Les archéologues y ont découvert de multiples traces d'aménagements techniques servant à l'organisation des jeux, dont une probable fosse de machinerie, peut-être antérieure à l'amphithéâtre dans son état actuel.